Il y a quelques jours, sur une radio publique, un humoriste a lancé la phrase suivante:
"En France, on a pas le droit de se moquer des gros! Les blacks, les beurs, c'est OK, mais pas les gros. Ben moi je suis désolé, si t'es gros, c'est pas une maladie, pose ta fourchette et arrête de bouffer!"
A part quelques cas, bien identifiés par la médecine, être gros ne relève d'aucune pathologie, c'est certain; en tout cas, à l'instar d'un membre cassé, d'un foulard qui cache pudiquement un crane rasé ou d'une multitude de tuyaux qui relient à la vie un corps, sur un lit d'hôpital, la souffrance des gros n'est pas visible de prime abord.
Vox populi a vite fait de caser les gros, dans la catégorie des personnes sans volonté, faibles de caractère, peu dynamiques; ajoutez à cela quelques expressions bien senties telles que:
_ Suer comme un porc
_ se goinfrer, se gaver, etc...
Le quotidien des gros, est pour la plupart, une quête quasi obsessionnelle de passer inaperçu. Quel paradoxe, gaussez-vous, un gros qui veut passer inaperçu! Haha... Chaque moment passé en société, n'est que contrôle permanent pour tenter de se tenir dans une position dans laquelle il se croit le moins exposé au regard des autres. C'est aussi penser continuellement aux chaises où il faudra s'asseoir; seront-elles assez larges, ou même solides. C'est prier que le siège de l'avion sera lui aussi assez large, de même que la ceinture assez grande pour se boucler. Encore cette interrogation pour le fauteuil chez le dentiste, chez le coiffeur; ou bien passer un scanner prescris par le médecin qui ne peut prendre la tension, il n'arrive pas à refermer le brassard en scratch.
Lorsqu'on souhaite acheter un appareil de musculation, un vélo, il faut toujours se renseigner sur le poids utilisateur maximum...
Il faut à tout jamais oublier les relations amoureuses ou même sociales; la compagnie d'un gros gêne les "normaux", et personne ne peut envisager de frotter son corps à celui d'un gros. Encore un paradoxe pour se marrer, les gros eux-mêmes, ne regardent avec envie, que des "normaux", quel comble!
Sachez, cependant, que le gros qui se goinfre, encore et encore, qui ne se supporte plus, mais continue à se faire du mal, à se détruire, est un malade.
Les maladies de notre cerveau, et notre façon d'y faire face sont innombrables. Ainsi les dépressions peuvent s'exprimer en avalant des cachets, de l'alcool, de la drogue ou de la nourriture. Songez qu'à l'autre bout de la chaîne, l'anorexique qui se fait vomir, dont l'aspect physique est plus "normal" pour la société, est aussi un malade.
Détruire son image, son corps, l'estime de soi, le respect de soi même, jusqu'à payer une terrible addition la quarantaine venue, sont autant de symptômes d'une dépression. Il n'y a et il n'y aura jamais, en toute honnêteté, un seul gros, heureux de son état, c'est une certitude.
Les cultures de nos pays développés, détestent les gros, soyons rassurés qu'elles ne détestent pas les personnes ayant 2 bras, un nez au milieu de la figure ou bien encore un cancer! Du moins pour l'instant.
Monsieur l'humoriste, si votre phrase était de l'humour, j'en ris avec vous, et s'il s'agissait d'une véritable opinion, c'est parfaitement votre droit; ce même droit que vous avez fustigé, par un trait comique, dans la phrase précédant celle que j'ai relevé, où il était question d'humour du genre les blacks sont des fainéants et les beurs des voleurs.
Je partage votre sentiment sur l'équité en humour et je place les blacks, les beurs et les gros sur une même ligne: on rit de tous ou d'aucun.