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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 21:45
 

Le début de cette journée, aurait du me paraître plus profond, plus cérébral, que ces quelques toiles naïves.

Dans une salle de la forteresse du Castell Sant Ferran, sur les hauteurs de Figueras, avait lieu une exposition/conférence; quelques artistes catalans exposaient des peintures et des photographies qui pour la plus part d'entre nous, Français, évoquent des camions qui passent les Pyrénées, ou au mieux un glas qui sonne.

Pourtant en cette année 1939, le Furer n'est pas le seul dictateur qui effraie l'Europe. Quelques 100 000 Espagnols inquiets pour leurs libertés, chassés par la barbarie, vont fuir vers la France. Par le col d'Arés à Prats de Mollo, par le col du Perthus ou par la route de Cerbère, ils vont faire « La Retirada » (retraite) et se retrouver dans des camps sommaires, aux allures de prisons. Pourtant mêmes ces conditions extrêmes, valaient mieux que l'obscurantisme réactionnaire et castrateur qu'imposaient l'église et El Caudillo !


« Machado dort à Collioure,

Trois pas suffirent hors d'Espagne,

Que le ciel pour lui se fît lourd,

Il s'assit dans cette campagne,

Et ferma les yeux pour toujours » L.A.


« Fédérico tomba mort

  • du sang sur le front,

du plomb dans les entrailles.

  • ... C'est à Grenade que le crime eut lieu. » A.M.


Voilà, où j'aurais du en être, quand un conférencier Espagnol commençât un discours commémoratif de cette période; mon espagnol très rudimentaire ne me permettait pas de comprendre quoi que ce soit, et l'acoustique de la salle n'était au final, pas propice à l'exercice. Je restai donc assis, sur un banc de bois, me contentant d'applaudir quand tout le monde applaudissait. Il y eut encore un temps de chant, repris en coeur par l'auditoire.

Puis, comme une libération, le début de l'apéritif est venue; à l'autre bout de cette immense salle, au plafond voûté, des tables étaient dressées, avec des amuses-bouches et 4 serveurs s'occupaient des boissons. L'approche de la foule était timide, personne n'osant être le premier à mettre la main dans les plats. Les plus hardis, s'étaient approchés très prés et lorgnaient, essayant de décortiquer des yeux les petits-fours, afin d'en deviner la composition. E t comme toujours en pareille occasion, il y eut « le plus hardi de la portée » qui attaqua un plat. Sous les yeux mi-réprobateurs, mi-admiratifs du reste de l'assemblée, il demandait déjà une coupe de champagne quand enfin le troupeau suivît.

Par respect pour sa famille, même si je le connais, je tairais son nom.

Après quelques friands, je suis sorti pour attraper un peu de vent et fumer aussi. J'ai trouvé dommage que le chemin de ronde ne soit pas accessible au public, la vue doit y être spectaculaire. Pied de nez à cette journée, qui est aussi celle du remerciement des réfugiés Espagnols au peuple Français qui les accueillît lors de la retraite, nous sommes dans un édifice érigé pour résister à l'envahisseur ... français ! Construite au 18ième , selon le « système Vauban » et il fût l'une des plus grande citadelle d'Europe, à la réputation d'invulnérabilité.

L'esprit était, pour sa part, bien nourri; mais l'heure était à de la nourriture moins spirituelle. Donc, nous avons suivi « le plus hardi de la portée », celui dont je vous ai déjà parlé plus haut. Lui, savait où il fallait aller! Nous sommes descendus jusqu'au centre de Figueras, passés devant le Téatre-Museu Dali et enfin, Narcis Monturiol, 3, nous étions arrivés. Sur le trottoir, des tables et des chaises sous une bâche verte et des gens qui parlent, qui mangent et qui parlent (assez) fort.

A l'intérieur de l'établissement, un comptoir, comme celui d'un bar et une petite salle du genre bistrot. C'est la base du concept LIZARRAN TAPAS: au comptoir, des tapas en self-service pour manger sur le pouce et la partie plus « classique », plus « bistrot » où l'on trouvera toujours les tapas, mais aussi une carte avec des plats plus traditionnels. A ma grande surprise, il ne fait pas si chaud; une magnifique clim s'occupe de rendre malade celui qui est dessous et de rafraîchir les autres clients.

Nous étions assis depuis peu, et la salle commençait à se remplir doucement, des autochtones bien entendu, mais pas que. Une tablée d'Anglais derrière nous et une autre de belges ou de Français « du nord ». Ce n'est pas tant la couleur qui me fait dire ça, non, ce serait plutôt la propension à apprécier, bruyamment, un certain liquide typique du schnord ou de la perfide Albion.

Chacun se levait, pour aller au comptoir choisir ses tapas; une gageure, il y en a plus de 350. Saumon fumé, farci au fromage crémeux doux, Bâtons de crabe à la ciboulette fraîche, morue sur tomate confite avec vinaigrette aux olives noires, piquillos et filets d'anchois séchés, longe grillée avec oeuf de caille au plat, véritable saucisse de Navarre grillée, foie frais grillé avec réduction de Pédro Ximenez ou encore rillettes majorquines au paprika avec du brie gratiné. Plus de 350 je vous dis!

Nos voisins anglais trinquaient de plus en plus vivement, bière après bière, ils refaisaient l'empire et poussaient les chaises. Les Chtis, eux, étaient en admiration et aussi en ébullition devant le vin blanc local que leur versait un serveur, à la manière du thé au Maroc : en éloignant le verre de la bouteille de plus en plus. Il faut reconnaître que ce serveur, était particulièrement « commerçant »; il connaissait tous les mots utiles, en anglais, en français par exemple : bière, beer. Il était multi-tatoué, clinquant et décoré comme un arbre de Noël avec tous ces bracelets. Des Crocs, bien sur, l'hiver, il doit faire la saison à la neige. Après tout, peu importe, il était serviable, actif et sympa.

Nous en étions là, à déguster des tapas dans une auberge espagnole, quand une cloche retentît, le même son que celle des vaches suisses; et immédiatement aprés la cloche, une voix, venue du bar hurlât : calliente !!!! Dans la même seconde 2 serveurs sortent de la cuisine, une ardoise dans les mains et dessus des tapas fumants. A partir de là, les habitués n'ont pas de problème; pour les novices, dont j'étais, c'est une bonne odeur qui file sous mon nez et disparaît dans les assiettes des clients avant que je comprenne.

Promis, je fus plus vigilant les fois suivantes; c'est ainsi que sont servis les tapas chaudes, alors que les froids sont en self au comptoir.

En buvant un café, je me disais, qu'il était très facile de s'installer dans ce genre d'endroit, à plusieurs amis ou en famille et d'y rester très longtemps. Je n'avais pas vu le temps passer et manger ces « petites choses » tout en refaisant le monde est très dangereux.

Une dernière info, avant de partir : chaque tapas est transpercé d'une pique, un gros cure-dents en quelques sorte; c'est à partir de leur compte que votre note est établie...

Ce fût une belle journée au pays Salvador Dali, présent partout; une journée à son image : surréaliste!

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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 13:03
 

J'ai vu les petits murets, couches successives de pierres sèches. Cette même pierre dont sont faites les maisons, par ici. Des maisons aux toits qui descendent si bas qu'ils pourraient toucher le sol; à la manière des enfants qui l'hiver venu, enfoncent leurs bonnets jusqu'aux oreilles.

J'ai vu ces murets, trop bas pour dissuader les étrangers. Peut-être sont-ils des ornements, ou simplement une limite, à la manière d'un bocage, entre ces carrés, verts et tondus d'hier.

J'ai vu sur ces prés, des brebis et des chevaux.

J'ai vu, aux devantures des maisons, les tonnelles couvertes de vignes sauvages. Et sous ces abris naturels, des fauteuils en rotin, une table basse; le chat qui ronronne sur un coussin, 2 tasses, une théière fumante. Sur la table, aussi, une faïence de Moustiers, dedans quelques branches sèches d'herbe aux écus.

Plus loin, j'ai vu un noyer au tronc noueux. L'arbre, plusieurs fois séculaires, ombrage une petite place, de ses multiples rameaux et caresse un banc public. Des pigeons font les cents pas et picorent les graviers. Des moineaux s'ébrouent dans la vasque d'une fontaine.

J'ai vu les petites rues qui montent et qui descendent, en lacets, traversant, à leur guise, la petite ville. Elles ont certainement décidé, elles-mêmes, de leur tracé, aucun ingénieur des Ponts-et-Chaussées n'en aurait dessiné un identique, si peu respectueux de la logique urbaine.

J'ai vu, à perte de vue, les monts et les vaux, tel un chemin de ronde, érigé par la nature, tout autour de la petite ville.

J'ai vu une marchande de pains, une boutique aux rideaux fanés, dans une façade tout en bois; à côté, j'ai vu un petit bureau de poste, avec une seule porte, une seule fenêtre et sans doute un seul employé pour un seul guichet.

Puis j'ai vu un panneau, rectangle, barré de rouge, dessus, il y avait un nom en bleu. Ce panneau sonnait la fin de mon voyage à travers un autre univers. Un univers plus lent, de ces lieux où l'on a pas besoin de se retourner pour retrouver son passé, parce que j'ai vu un endroit qui existe par ses racines mêmes.

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7 juin 2009 7 07 /06 /juin /2009 11:35
 

C'est une belle journée de novembre, l'air est frais, mais le ciel, dégagé de tout nuage, est d'une pureté virginale. Les innombrables sommets de l'Indukush, qui dépassent, pour la plupart, les 6000 m d'altitude, déchirent le bleu azur de leurs dents blanches. Dés les abords de la ville, je croise des petits troupeaux de moutons, blancs, marrons, presque noirs, regroupés autour de camionnettes bâchées; il y a d'immenses mangeoires, telles des litières d'herbe verte. Comme un symbole du contraste permanent de ce pays, au milieu circulent, péniblement, des charrettes, tirées par des ânes. Les hommes, portant la barbe longue, sont tous vêtus d'une kamaz, tombant au genoux sur un shalwar, négocient, parlementent dans un brouhaha incessant, les afghanis passent de mains en mains. La majorité sont des éleveurs et cultivateurs Pashtouns.

Je marche à présent le long d'une grande avenue, l'asphalte est belle et les alignements, des bâtiments, tout à l'occidentale; notamment les grands entrepôts de légumes secs.

Au-dessus de ma tête, se déroule un extraordinaire ballet! Des dizaines de cerfs-volants multicolores virevoltent, se croisent et même s'attaquent! Je pose la question à mon guide, qui m'explique qu'il s'agit d'un combat de cerfs-volants. Devant mon étonnement, marqué sur le mot combat, il ajoute qu'il s'agit d'une très ancienne tradition pour les enfants, les cordes sont enduites avec une sorte de colle et des morceaux de verre; le plus virtuose des enfants, au maniement du cerf-volant, coupent ainsi les cordes de tous les autres et gagne la compétition.

Cela fait quelques pas que nous avons pénétré le quartier de Shindawal et son bazar. J'ai toujours cette même impression, ici, celle d'être passé par un de ces couloirs du temps, qui vous déposent des décennies en arrière. Les rues sont étroites, sinueuses et remplies d'échoppes, de petites boutiques qui souvent n'excèdent pas quelques mètres carrés. Les façades sont de terre séchée.

C'est comme si ce fragile ensemble de terre, en se tenant serré, voulait lancé un cri de résistance aux 50 tremblements de terre, ressentis chaque année.

Je fais part, à mon guide, de mes réflexions; après deux secondes, il me regarde fièrement de son regard bleu et il me dit la chose suivante :

« Toujours envahi, jamais conquis! »

Une bonne odeur de brochettes grillées, m'attire vers une échoppe, un petit enfant tire la manche de sa mère, la femme est voilée. D'ailleurs, toute les femmes, sur ce marché, portent la duppata.

La boutique, juste à côté, expose de superbes tapis de laine à dominante rouge; mais c'est encore une odeur qui m'attire quelques mètres plus loin. Celle, entêtante, du lait caillé. A même la pierre, sur le devant de la boutique, sont posés des krout. Ce fromage tellement dur est quasiment impossible à manger, autrement que râpé. Sur le trottoir, en face, je vois des mains qui plongent dans de petites collines de blé, de maïs, de pois-chiches, de lentilles ou encore de haricots verts et rouges. Mon guide a rencontré un ami, il lui achète quelques grains de raisin et des noisettes. Je suis assailli dans tous mes sens; les couleurs, les odeurs, le mouvement de la foule, les cris des marchands et des enfants. Machinalement, je remarque pourtant un pick-up qui se gare à l'angle d'une rue qui donne sur la principale, celle où je me trouve; un homme en descend et s'éloigne jusqu'à sortir du bazar.

Soudain, une main agrippe mon bras, je me retourne, surpris, il s'agit d'un mendiant qui me tend sa main. Je n'ai pas le temps de réagir que mon guide m'entraîne, me disant qu'ils sont de plus en plus nombreux, trop et que si je commence à donner à un, une véritable meute va se coller à moi et ne plus me lâcher. Son téléphone sonne, je ne saisis rien à la conversation, mais je vois sa mine plutôt réjouie, je me dis que ce doit être une bonne nouvelle. Quand il raccroche, il exulte, me saute dans les bras : « On l'a, on l'a! » Mais quoi lui dis-je? Un de ses contacts venait de l'informer que Massoud était disposé à me rencontrer. Mais il fallait y aller maintenant. Cet homme agissait toujours ainsi, le plus illogiquement possible, toujours de façon imprévisible; il en allait de sa survie. Nous avons alors commencé à courir, revenant sur nos pas, pour retrouver notre véhicule.

J'ai la main sur la poignée de portière de notre vieille lada et l'instant d'après...

La première chose qui me frappe, c'est une impression de silence total, je vois, tout autour de moi, mais aucun son ne parvient à mes oreilles. Sans doute la détonation et la déflagration qui s'en est suivie ont provoqué comme une onde de choc.

Avec difficulté, je me met debout, fais un pas, puis deux, droit devant moi. Le même chemin que j'arpentais quelques minutes auparavant.

Au loin, il y a un véhicule, au milieu du bazar, il repose sur le toit. De la fumée partout qui pénètre les narines, et si je n'entends plus, en revanche je peux sentir l'odeur de sang et chair carbonisée. Plus loin, c'est un corps d'enfant sans tête, des moignons sanglants gisent partout et la foule des survivants court, en hurlant, dans tous les sens, piétinant les membres déchiquetés.

Soudain, un cri déchire la bulle de silence qui m'entoure depuis quelques minutes, je récupère tous mes sens, et ils sont de nouveau assaillis. Mais cette fois, ça me fait mal.

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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 04:50
 

Tout commence par une légende, celle de Saint Georges...

C'était un tribun Romain qui vécut dans la région au IIIième siècle et qui sauva, des griffes d'un dragon, la fille d'un roi Catalan. Du sang du dragon, jaillirent des roses rouges. Depuis lors, ce chrétien d'exception, devint le saint patron des Catalans sous le nom de Sant Jordi.

C'est un milieu de semaine d'avril, plutôt mitigé, entre pluie et Tramontane, et un peu partout on s'apprête à fêter le saint homme.

En ce qui me concerne, j'ai choisi de vous faire part d'une manifestation, en son honneur, organisée à l'ermitage de Saint Ferréol. L'école de Catalan de Céret a organisé un rassemblement, pour l'occasion . La Tramontane souffle, fort, vraiment très fort, mais elle permet au soleil d'être présent au rendez-vous.

C'est après le pont, à l'entrée de Céret, que commence la route sinueuse qui grimpe jusqu'à plus de 300m d'altitude, à travers les chênes-lièges auxquels on a retiré leurs pantalons... Une fois le sommet de la colline atteint, on trouve 2 parkings naturels en étage, puis l'église apparaît. De son promontoire, elle domine « son » monde. Debout sur un muret, je porte mon regard jusqu'à la mer; une main au-dessus des yeux, tournant légèrement ma tête, j'aperçois toute la vallée du Tech. En marchant, toujours sur le muret, qui entoure l'église, je continue mon exploration. La chaîne des Albères, jusqu'à la trouée du Perthus, s'offre à moi, puis la coquette Céret me dévoile ses champs de cerisiers blancs. Tout le temps de mon tour sur ce muret, il y avait comme une main sur mon épaule, chaleureuse; c'était le géant bienveillant, le Canigou, dont les cheveux sont encore blancs à cette période de l'année.

Quelques jeunes enfants courent, le nez au vent, leurs mères papotent. Les pères s'interrogent sur leur production de cerises; vont-ils la donner à la « copé », ou à une autre qui leur payera mieux? Et pourquoi pas les marchés, directement du producteur au consommateur? Le maire passe par là, il tripote un bouquin et tourne autour du panier, rempli de bugnes. Il fera un discours tout à la fin de la manifestation. On trouve également une caméra de France 3 Sud.

Soudain, les animations de la Sant Jordi débutent; à l'abri des murs de l'église, derrière un micro, certains élèves récitent des poèmes, d'autres chantent et d'autres encore racontent des fables de veillées ou lisent des passages de livres. Le tout en Catalan, et c'est pourquoi je suis incapable de vous répéter ce qui a été raconté, chanté ou lu en cet après-midi. Je n'ai pu saisir que quelques mots, il a été question des mois du calendrier, de Sant Jordi (bien entendu) et d'un tablier de femme aux multiples usages.

Cette année, ce sont en majorité des anciens qui défilent au micro, gardiens de la langue, de la mémoire, ils se veulent aussi, acteurs du maintien de l'identité du peuple Catalan.

Il y eut encore une sardane, composé spécialement pour l'occasion, à l'intérieur de l'église.

Puis quelqu'un a pris le micro et a décrété venu le temps de manger. Toute l'assemblée est sorti de l'église et s'est dirigée vers la table où se trouvaient les victuailles. Chacun des participants avait confectionné un met, pour « compartir » avec les autres. Il y avait des crêpes, plusieurs sortes de gâteaux, j'ai même vu de la pizza et de la saucisse sèche et bien sur des bugnes, les fameuses qui attiraient tant monsieur la maire! Des jus de fruits à boire, mais pas que, il y avait du muscat. Autour de cette table sur tréteaux, dans une ambiance qui se réchauffait, les discussions montaient, les rires fusaient, les souvenirs remontaient.

Le chant n'est jamais loin dans ce pays, en l'occurrence un duo, bien connu du pays, s'accompagnant d'une guitare, main sur l'oreille « façon I Muvrini », entraînant un petit groupe avec lui, a passé en revue tout le folklore Catalan.

L'heure de partir est arrivée, tout le monde s'est dit au revoir, se donnant rendez-vous l'année prochaine pour une nouvelle Sant Jordi.

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 23:21

 

Dimanche 19 avril 2009, le ciel est mitigé ont-ils dit; et c'est vrai, mais la pluie ne semble pas pour tout de suite.
Alors, nous partons, comme à chaque fois, je ne sais pas vraiment pour où ! Il faudra passer la frontière; aujourd'hui, ces mots semblent "dépassés" tellement la frontière en question me paraît inexistante: quelques guérites, une allure modéré et parfois même pas l'ombre d'un képi...
Dimanche au Perthus. Pour qui n'a jamais connu ça, c'est une expérience qui manque ! Cela commence, dans les meilleurs dimanches, par la queue à hauteur de l'Ecluse; on roule au pas, devant un 11, derrière un 43, c'est une véritable revue des départements français. Après le premier parking, à l'entrée du village, ce sont deux files indiennes, l'une montante, l'autre descendante, qui se croise jusqu'à la sortie du village. Je connais ces boutiques depuis que je suis tout petit, et il me semble que ce sont toujours les mêmes ! Ici, on trouve quasiment tout. A la sortie du village, on trouve le parking des autocars, juste avant la douane. Ils déversent des flots entiers d'acheteurs d'alcool et de cigarettes; des associations de troisième âge de tout le sud du pays, organisent des sorties aller/retour chaque dimanche que dieu fait.
Après ce barnum, la route s'éclaircit, puis on arrive sur la zone de travaux du TGV, la partie espagnole du projet. A vrai dire, le paysage n'est pas joli et ça ne s'arrange pas un plus loin. En effet, très peu de kilomètres après, voici la Junquere. A mon sens pire que le Perthus; c'est un immense parking de poids lourds, parsemés de supermercat, de stations services, de restaurants buffets, adossés à l'autoroute. Sous sa forme la plus moche, entre les remorques, sur le plastique des sièges ou au mieux sur des couchettes, à l'abri de rideaux, la prostitution fait son oeuvre.
Le dernier chantier en cours, non terminé, nous annonce la fin de la Junquere. Le paysage, lui, ne change guère : des roseaux, de la terre sèche, des plastiques accrochés aux maigres branches d'arbustes décharnés.
A figueres, on entre dans un haut-lieu du bétonnage de littoral. Bourgade, probablement rurale à l'origine, elle a vu ses plages et ses flancs de collines envahies par les constructions de promoteurs assoiffés de bénéfices. Mêmes pas jolies, ces constructions défigurent toute la Costa Brava; nous traversons.
La ville suivante, ne vaut que pour sa baie; presque au bout de la route d'une corniche, la vue sur la mer est splendide, il y a aussi quelques constructions très belles, assez cossues et 2 ou 3 palaces 4 étoiles qui valent le séjour. Il fallait le faire, c'était une promesse, une commission; réservations validées, 1 nuit en demi pension, dans une chambre avec vue sur la mer.
A Rosas, pas le choix, c'est une sorte de cul-de-sac et il nous faut revenir sur nos pas pour repartir, il est l'heure française de déjeuner. Alors direction Peralada. Petit village médiéval, avec un casino et une petite production de vin du marquis du coin. Tourne vire un moment pour garer la voiture, puis enfin un restaurant, ouvert, qui convient à tous. C'est maintenant que "l'heure française" prend tout son sens; nous avons fait un repas, seuls dans la salle de ce restaurant avec toutes les questions que l'on peut se poser dans un tel cas... Après le café, l'addition, au moment du départ, la salle a commencé à se remplir, il était 14H30 ! 
Notre périple nous a conduit ensuite vers Besalù; un autre village médiéval, mais plus typique. Il s'y trouve un pont magnifique du XI ième qui enjambe la Fluvià et après une porte en arche donne accès au village lui-même. Des maisons aux murs en pierres taillées, des rues étroites, pavées en pierres taillées, elles aussi, mènent en grimpant à la place principale où l'on trouve...une église.
Finalement,ce fut une belle journée en Catalogne espagnole.
Je vous épargne l'épisode du retour où nous faisons demi-tour à 450 m de l'entrée du Perthus. La file de voiture est à l'arrêt en visualisant le chemin à parcourir encore, nous choisissons de repartir sur nos pas jusqu'à la Junquere, et de payer 0.60€ pour prendre l'autoroute et sortir al Volo. 

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 08:11
 

Au premier jet qui touche, un filet rouge commence à couler...


Un jour de fête, c'est un jour de fête dans toute la maison. Dans la chambre, il n'y a que des femmes, Sidalia voit ses soeurs, ses tantes, sa mère aussi. Elle est en grande conversation avec sa belle-mère, elle rit. Sidalia n'avait, jusqu'ici, jamais vraiment prêté attention au visage de sa mère; toutes ces femmes ont baissé une partie de leur voile, elle voit ses dents à travers ses lèvres entrouvertes. Elle est jolie et surtout paraît si jeune.

Sidalia voit cette agitation joyeuse, sans comprendre de quoi il s'agit; elle semble être au centre de l'évènement et ce n'est pourtant pas son anniversaire.


... Elle voudrait s'essuyer le visage pour ne pas tâcher sa jolie robe, mais elle ne peut bouger les bras. Au second jet qui touche, sa vue se trouble, et une douleur lancinante s'installe sur son front...


Les souliers au pied du lit et la robe posée sur ce dernier, font l'effet d'une panoplie de déguisement pour enfant. Pourtant c'est le travail minutieux de sa mère, des nuits entières à couper et surpiquer.

Cette taille pour ce genre de modèle est introuvable dans les commerces.

Soutenue, portée par toutes ces mains, Sidalia semble voler; en 3 coups de baguette magique, elle est habillée, chaussée, devant le miroir. Sa mère, approchant par derrière, passe par-dessus sa tête un voile. Soudain, tout l'univers visuel de Sidalia est enfermé dans un quadrillage.

L'image que lui renvoie la glace, est celle d'une enfant qui joue à la mariée.


... Quand le troisième jet qui touche l'atteint, elle n'entend déjà plus les cris tout autour, sa tête penche sur le côté droit...


Soudain, telle une volée d'hirondelles annonçant le printemps, toutes les femmes se mettent en marche. Ayant pris soin auparavant de remettre chacune leur voile. Sidalia, au centre de la nuée, suit le mouvement sans voir où il l'a conduit. La troupe arrive dans la cour, devant la maison, il y a une grande tente montée. Elle est magnifique, à la manière de celles des tribus du désert.

Sidalia peut enfin distinguer devant elle, et c'est une forme, assise au fond dans l'obscurité qu'elle voit; une forme qui lui paraît très grande!

La forme se déploie et avance vers elle, apparaissant enfin dans la lumière. C'est un très vieil homme, semble t-il à Sidalia, son visage est plus ridé que celui de son père. Plus il s'approche plus elle sent son regard qui la dévisage, il passe dans son dos, tate ses épaules avec rudesse et il soulève même, le bas de sa robe, sans doute pour vérifier qu'elle a bien ses deux jambes.

Pendant cette scène, Siadalia aperçoit, dans l'obscurité du fond de la tente, la même d'où l'homme est sorti, une tête penchée qui visiblement, cherche à voir ce qui se passe. Sans doute dans ce but, le voile sur ces yeux n'est pas rabattu?

Sidalia croise le regard inconnu, qui se fige à son tour, cherchant à traverser son voile. Un soupir fait se fermer, un instant très court, les paupières inconnues; une infinie tristesse se lit dans ce regard, mais surtout Sidalia sent comme un message, une transmission dans son intensité.

Sidalia, encore naïve des rêves de son âge, semble cependant comprendre qu'il se passe quelque chose, mais quoi?

Son père parle avec le vieil homme, d'un geste invisible pour les non initiés, il appelle un de ses serviteurs, qui paraît quelques secondes plus tard traînant cinq chameaux.

Sous la tente, il fait très chaud, trop!

Sidalia se met à courir, hors de la tente, de la cour, de la maison. Sans but précis, elle soulève son voile, simplement pour sentir le vent caresser ses joues brûlantes, elle court.


... Le quatrième jet qui touche, ne fait que secouer une tête pantelante. Une rafale de vent soulève la chevelure palissandre et emporte des gouttelettes rouges.

Les lapideurs s'en vont, une mère pleure son enfant, un père a lavé son honneur et un vieil homme cherche toujours une femme.

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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 22:32
 

D'épaisses fumées blanches s'envolent des cheminées.

De ma bouche, à chacune de mes respirations, s'envolent de fines volutes. Elles s'élèvent, virevoltent et finissent par se mêler aux lourds brouillards qui enlacent la nuit.

Au loin, une cloche sonne, et presque immédiatement démarre une sourde pétarade qui résonne comme 100 tambours du Bronx. Et voilà, demain cède sa place à aujourd'hui qui passe la main à hier; et quoi ?

Le chien est recroquevillé au fond, tout au fond, encore plus loin que ça ! Sous le bureau.

Moitié de nuit, 2 heures à massacrer Europa, les doigts à vif. Où êtes-vous?


Quelques heures auparavant, les grandes tables bruissent de mille cris, le fumet des plats a envahi toute la maison. Bras levés, verres vidés, c'est le temps des ripailles.

Une lumière intermittente envoie un éclat, partout dans la pièce, qui se heurte aux guirlandes, pendues partout, et explose en arcs-en-ciel.

Ce soir, Patrick, Michel ou Arthur ont perdu le combat ! La boite à images est bien allumée, mais personne ne l'écoute; impuissante, elle n'est pas pour autant oubliée, telle une invité, elle brille, à sa place, sur son perchoir, semble parler sans qu'on ne l'entende.


Devant le plateau, une question me retourne l'esprit : quel jour de la semaine sommes-nous ? L'ampoule du couloir a grillé, finalement, elle est bien utile. J'avale un soda, ce sont des bulles d'une certaine manière, avant de me retrouver devant l'étui de ma PRS.

Pas de mescaline, pas même d'alcool, les doigts tremblants. Où êtes-vous?

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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 00:28
 

Dimanche 30/11/2008, encore une fois, je peux dire : première sortie depuis longtemps... Bref, le temps est plutôt beau, le ciel bleu et le soleil semble vouloir sortir de son lit.

Je roule sur l'autoroute, j'écoute un live de Toto, sans doute je manque d'objectivité, mais un seul adjectif le définit : fabuleux! C'est BJH qui prend le relais, Berlin 1982, les escaliers du Rieschtag...

Pas d'erreur, direction Narbonne, et environ 4Km plus tard, sortie Gruissan. La première vue que j'ai de cette petite station balnéaire, est une tour à moitié en ruine dominant une immense et calme étendue d'eau. C'est une suite de ronds-points, bordés d'arbres, des pins et des palmiers. Ce matin je croise peu de personnes, l'aire est frais malgré le magnifique ciel bleu. Je suis la direction « rive gauche » et la plage où se trouvent les cabanes sur pilotis. Tout est plat ici, à perte de vue; exceptés quelques monticules blancs, résultat des moissons de marais salants. Exceptionnellement, la tramontane ne souffle pas, l'eau est plate,sans aucune ride, tout se reflète sur son miroir. Quelques promeneurs marchent sur la piste cyclable, ils croisent des joggers et moi je regarde ce petit monde vivre.

Midi approche, je dois me rendre au lieu de mon RDV. Peu sont arrivés, nos héros sont là depuis hier soir. Nous sommes réunis pour mettre nos mains autour de la flamme souvent vacillante de l'amour. 50 ans de vie commune, c'est presque un exploit de nos jours. 3 enfants et 5 petits-enfants plus tard, ils s'aiment toujours, alors au milieu du repas, une voix s'est élevée, pour nous raconter cette vie :


«  Novembre 1958, un hôtel particulier, rue des Puits creusés, dans la capitale occitane. Nicky, fille aimée de ses parents, assise sur son lit dans sa magnifique chambre à l'étage, soupire devant son reflet dans le miroir.

L'image qu'elle contemple, cette femme dans sa robe blanche qui va se marier, c'est elle ! Elle suit le fil de ses pensées...

_ Quelle perfide cette Renée ! Me faire remarquer, avec son sourire ironique, que le 25 est aussi la Sainte Catherine. Ma meilleure amie !? Elle ne perd rien pour attendre.

Elle se souvient, aussi, de la première fois où elle a croisé le regard incendiaire de Jack.

C'était par une belle soirée sur la Riviera aveyronnaise, Nicky sortait d'une représentation dans ce splendide théâtre à l'italienne, elle s'était assise promenade du Guiraudet, quand Jack lui apparût, filant sur sa Ferarri 2 roues, 2 temps. Il avait une pince à vélo en or, sertie de rubis, pour tenir le bas de son pantalon, Nicky pensa immédiatement que cet hidalgo avait fière allure.

Elle revint à elle, sa main tripotait un magasine sur le lit. Sur la couverture, il y a cette nymphette dont on parle temps depuis l'été; de nos jours, il suffit de se baigner à Saint Tropez pour être une star ! A l'intérieur, un article sur le Général et ses 80% de suffrages pour l'adoption de la Vième république. Un autre sur Oppenheimer et ses conférences où il tente de nous expliquer le choix entre science et conscience... Quelques pages plus légères nous annonce une naissance dorée du côté du rocher, vive l'héritier ! Le regard de Nicky s'attarde sur la collection haute couture d'un nouveau venu, elle pense qu'il ne fera jamais oublier Dior.

On l'appelle, il est l'heure de partir pour une nouvelle vie.

Du temps a passé...


Eté 1991, sur une plage en Espagne, assis sur 2 transats, main dans la main, Jack et Nicky regardent leurs enfants courir, nager, sous le soleil qui descend lentement dans la mer.

Aujourd'hui, ils sont à la tête d'un empire industriel du textile; des boutiques sur les avenues les plus huppées de la planète.

Jack s'est même risqué à prendre quelques participations dans Total qui rachète Elf-Aquitaine et Carrefour qui lance une OPA sur Promodés.

Jack raffole des voitures automatiques en ce temps là. Chaque jour est une promesse de miel, de vanille, de courir pied nus sur le gazon d'un jardin britannique.

Nicky, un brin ravie, repense à Renée, « sa meilleure amie », au destin tragique. Délaissée par son premier flirt, elle n'a pas réaliser son ambition de fortune; aux dernières nouvelles, elle garde encore le troupeau de ses parents à Villefranche.

Aujourd'hui...


Au pied du massif de la Clape, plage des Chalets, 2 transats face à la mer, main dans la main, Jack et Nicky regardent jouer leurs petits enfants.

C'est à Gruissan, qu'ils se reposent; ils se sont portés acquéreurs d'un chalet sur pilotis, qu'ils ont entièrement rénové. C'est celui qui fût autrefois utilisé par Beinex pour son 37.2° le matin.

Le soleil est tombé dans l'eau, Jack replie les transats et tous les 2 se dirigent vers le restaurant le Corail pour fêter, une seconde fois mais en tête à tête, leurs noces d'or. »


Le soleil se retire déjà, il n'est que 16H pourtant; le chemin du retour m'amène doucement vers la pluie; elle m'attrape à Lézignan.

Let it be.

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11 octobre 2008 6 11 /10 /octobre /2008 18:14
 Dimanche 5 octobre 2008, une belle journée, froide, s'annonce... Il est 7H45 et je dois gratter le pare brise !

Autoroute, direction Carcassonne, Véro à l'Olympia en 1973 d'abord, puis Deep Purple en 1972, au Japon, assurent l'ambiance musicale.

Sortie Bram, direction Limoux, un panneau le confirme, j'entre sur les chemins Cathares. 9H30 passé, j'atteins le but de mon voyage : Couiza et plus particulièrement, le château des Ducs de Joyeuse. Pierres, escaliers, murs, portes et pavés sont d'époque, le temps a été suspendu jusque dans les chambres avec des chaises en bois, inconfortables au possible et un lit à baldaquins. Seuls la salle de bain moderne et l'écran plat de la télé jurent dans ce décors du moyen-âge.

Nous décidons de ne pas déjeuner à Couiza, il n'y a rien, dit la femme, quant au château, c'est très cher! Nous trouverons une ferme auberge sympa sur la route! Comme nous sommes au pied de la colline (!!!!), plus de 500 m d'altitude, de Rennes le Château; nous décidons d'aller voir ce site, célèbre pour son non moins célèbre abbé Saunière, autour duquel planent nombre de mystères et plus particulièrement celui sur l'origine de sa fortune. Au début, la confession d'une morte et la remise de 4 parchemins secrets qui seront emmurés dans un pilier de l'église. Puis le secret voyage de curé en curé jusqu'à notre « fameux » Bérenger Saunière. C'est vraiment à partir de lui que la légende prend corps... Après sa mort beaucoup de gens sont venus creuser partout à Rennes le Château dans l'espoir de découvrir le trésor de l'abbé.

Le village est un petit village, avec de petites rues caractéristiques de nos anciens villages reculés. Quelques échoppes à touristes, des cartes postales, des cartes au trésor, 2 ou 3 restaurants aux prix inabordables.

Reste une petite église, assez richement décorée, pour l'importance du diocèse... le presbytère, aujourd'hui qui se visite en payant, les jardins de la villa Béthanie sont beaux, de même que la tour Magdala. Le château, lui, ne se visite pas; devenu privé, il est fermé et visiblement à l'abandon.

Finalement, ce qui m'a le plus « attrapé », c'est le panorama; à partir du parking, tout en haut, la vue est imprenable sur le Bugarach, le Pech Cardou, le Casteillas ou encore Coustaussa. Clic, clac.

11H45, l'homme nous fait remarquer l'heure et qu'il faut penser à manger. La femme répond que nous avons bien le temps et nous repartons, en direction du château d'Arques.

Bien qu'étant l'un des châteaux Cathares, j'ai su, en le voyant, pourquoi il ne jouissait pas de la même aura qu'un Montségur ou un Quéribus; il est le seul, construit au fond d'une vallée! Un donjon, certes remarquable, mais au milieu d'un petit pré carré, il ne surveille rien, sinon sa propre ombre. 5€ par personne adulte, pour 4 niveaux sur 24 mètres et aucune perspective de vue. Nous renonçons à la visite.

La femme demande l'heure, 12H30, répond l'homme; alors il nous faut, maintenant, nous occuper du repas.

Nous partons en direction de Rennes les bains, petite cité thermale, là, c'est sur, nous trouverons un restaurant, rapport aux curistes. Dans la rue principale, la façade austère je l'avoue, d'un restaurant nous arrête. Les rideaux sont tirés, pourtant un chevalet sur le trottoir affiche des menus. Hôtel restaurant de France, la femme dit : « il n'y a personne, c'est encaissé, en plus ils vont nous servir des trucs pas frais! ». OK, on continue. L'Hostellerie de Rennes les Bains, un bâtiment rose, Logis de France, surplombant la Sals. L'homme va, en éclaireur, consulter le menu; rien d'enivrant et pour cher, c'est quand même son anniversaire! Alors qu'une certaine tension commence à pointer, la femme, se résigne et dit: « Y'a qu'à aller au premier, c'est encaissé, mais ça fait rien, il est tard maintenant, on va finir par ne plus rien trouver. » L'homme se dévoue pour aller voir le menu, sourire jaune au retour, l'établissement est fermé. Il faut continuer, jusqu'au prochain village, à moins que sur la route, une de ces fameuses « fermes auberges » nous apparaisse. La route départementale 14, est une jolie petite route, dite touristique sur les cartes Michelin, c'est à dire route « à virages » nous bifurquons en direction de Sougraigne, ça tourne toujours, puis la lumière au bout du tunnel, le Père Noël au-dessus de la cheminée, un banquier honnête, bref, un panneau annonçant un restaurant. Il faut grimper tout en haut de ce petit village, pour trouver un petit parking, redescendre par une petite rue pour enfin atteindre ce Logis de France, puisqu'il s'agit encore de cette enseigne. La porte est ouverte, pas de menu, seulement une carte, pas vraiment donnés, les prix. Mais il est tard, tout le monde commence à avoir faim; nous entrons, c'est un long couloir, qui mène directement aux cuisine. Juste avant, ce qui doit être le bureau, un comptoir, quelques frigos, une petite table, le livre des réservations, une petite lampe et en arrière un petit bureau, avec un ordinateur allumé et un ado, les yeux rivés, que dis-je, tout son être, dans l'ordinateur. Il a un casque sur les oreilles et il me semble qu'il tripote un joystick. 4 minutes sur son côté, il ne nous voit pas! Quelqu'un racle sa gorge, il tourne la tête, semble sortir de la machine à laver tellement il a l'air ailleurs. Enfin, il appelle sa mère. Bonjour, bla, réservation, bla, désolée. Traduction : ils ne travaillent que sur réservations.

Nous voilà, à nouveau, jetés sur les routes, à la recherche de notre pitance... J'ai l'impression que l'idée de ne pas déjeuner du tout a du traverser l'esprit de l'homme et de la femme à un moment, car décision est prise de revenir vers notre point de départ où il faut retourner, pour récupérer le second véhicule. Et comme au début du périple, il n'y avait rien à Couiza...

Donc nous repartons sur nos pas, juste avant Rennes, je vois un panneau de village, je décide d'y passer, c'est le chemin. Montferrand, en fait un hameau de la commune de Rennes, 2 maisons à droite, un chantier d'une maison médicalisée à gauche et ... plus rien. Bon, nous continuons, vers Couiza, je ne sais pas pour y faire quoi, mais ce n'est pas important.

A l'entrée de Couiza, nouvel espoir, un panneau publicitaire pour un établissement de restauration, qui avait, apparemment, échappé, à la vigilance de l'homme et de la femme. Situé route des Pyrénées, il est ouvert, et c'est ainsi qu'enfin (je ne sais pas quelle heure il était) nous avons pu déjeuner. Un style chalet savoyard, une carte et des menus appétissants, un super accueil de la part du couple qui le tient. Lui aux fourneaux, elle, qui vous raconte littéralement les plats, au point que tout vous fait envie. Je le conseille, le Carnotzet.

Le repas fût vraiment excellent, et après quelques pas digestifs dans le parc du château des Ducs de Joyeuse, il était temps de rentrer.

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29 août 2008 5 29 /08 /août /2008 14:11

 

C'était une nuit, la dernière nuit d'une longue semaine, c'était même le petit matin du lendemain.

Assis devant mon clavier, tapotant, je devais rechercher une adresse, pourtant, il me semble évident que je devais faire une micro sieste...

 

Soudain, je plane au-dessus d'un éboulis, dans lequel un homme danse d'un pied sur l'autre; un second l'observe, tout de noir vêtu : c'est le roi d'épée. Il apostrophe l'homme qui danse, il est question d'une cité, Ghyste Mortua, de métamorphose et d'attache parapsychique.

Toujours tournoyant au-dessus de cette improbable scène, je m'entends prendre part à la discussion:

- * Parl Dro, je sais, moi! C'est la seule façon de les tuer vraiment, de les libérer de leur mort-vie; il faut détruire l'attache qui les maintient, il faut broyer l'os. Mes amis, allons-y, partons pour la cité des fantômes et accomplissons ce qui doit l'être. J'étais entré de plain-pied dans l'aventure, par la 203 et je ne croyais pas au quart de ce que je voyais, pourtant je cheminais aux côtés du roi d'épée et d'un ménestrel, en route pour la cité des morts!

Plus rien ne pouvait me retenir, je piaffe d'impatience, j'ai dix ans, je suis dans mon lit, écoutant une histoire. Sauf que cette fois, je ne vais pas rêver, je vais le faire; je suis le héros. Je vais participer à la sauvegarde du monde des vivants, avec mes compagnons, nous allons repousser, faire disparaître les méchants.

Aïe, soudain, j'ouvre les yeux sur l'annuaire du portail d'un F A I... Mais c'est quoi, où suis-je... Deux doigts de ma main droite pincent le dos de la gauche... Pourtant, j'aurais juré que...

Ah oui, j'y suis; je cherche cette maudite adresse...

 

  • ** Nous aperçûmes, dans le bois, les feux de quelques sauvages.

A nouveau je suis, sans savoir comment, transporté ailleurs. Les bois sont des érables à sucre, des conifères et des feuillus; je peux voir distinctement les fameux sauvages, ce sont des indiens du peuple Natchez, trois adultes et deux enfants, nus, couchés sur des peaux. Plutôt inhabituel de les rencontrer en si petit nombre, loin de leur village. Villages dont l'organisation me rappelle, par certains côtés, celle des tribus de Stohenge et Avebury : une sorte de place centrale, commune, où des avenues, en provenance d'autres points du village, viennent finir. Mais quel est ce bruit sourd et continu? Non, ce n'est pas possible! Cela ne peut pas être... Pourtant si. Tombant de 170 pieds de haut, fille des grands lacs, Supérieur, Huron et Erié, elle est une marche vers le plus grand estuaire du monde; celui-là même qui m'apprendra quelques années plus tard Anne des Pignons verts. C'est proprement impensable! 443, sans toi et tes soeurs qu'aurais-je jamais su des Ongirias, Algonquins et autre cataracte de Niagara?

Je vous vois, avant que Custer et sa bande, ne viennent vous expliquer comment vivre sur ces terres; terres que vous foulez depuis si longtemps et qui ont vu vos ancêtres chasser l'ours pour manger et se vêtir, cueillir la fleur encore pour manger, couper l'arbre pour s'abriter, mais jamais plus que le nécessaire et toujours pour une raison saine. Avec vous je traverse l'immensité du continent nord-américain, tout est grand, originel. McDonald, Coca Cola ne sont pas encore arrivés, et la vie dans ces forêts, n'est certainement pas plus sauvage que dans le Bronx ou à Watts de nos jours!

Quand je reviens à moi, une suite de caractères sans aucune signification est inscrite dans l'emplacement « trouver quoi, qui ». Je relève mon index de la touche « X ».

J'enfonce rageusement « backspace », il faut que je trouve cette maudite adresse pour demain...

 

  • *** Je bousculais les gens, je courus à mon camarade et le soulevai sur mes genoux. Il avait reçu un coup de matraque dans la figure. Son sourcil et sa lèvre éclatés saignaient. Il avait perdu connaissance.

Oui, bien sûr, je sais où tu veux en venir... C'est une plongée dans l'histoire du pays.

Nous collions des affiches quand ce drame est arrivé.

Aux côtés de 73, je marche le front en l'air, luttant pour chaque grande réforme qui bouleverseront, à jamais, la société de notre pays. Je croise des « rouges », des « blancs »; ces derniers me réconcilient, ou du moins, humanisent l'image que j'ai du Pape et de sa clique. Je suis de toute mon âme avec eux, quand ils se couperont de ceux, honte à eux, qui pactisèrent avec le maître de Berlin.

Je croise aussi, des types farfelus, barbus en blousons de cuir; sur leurs vélos, ils partagent la vie de leurs semblables, pour leur parler de religion; à l'évangélisation forcée, ils préfèrent être suivis par conviction. Tous les enfants du monde se souviennent des paroles suivantes :  « C'est pour ton bien que nous l'avons fait. »

On les appelle les prêtres ouvriers.

En ce début de XX ième siècle, je suis au coeur d'une immense révolution, qui m'ouvre tant d'autres portes, que je ne refermerais plus jamais! Toujours en quête d'apprendre, de connaître, d'écouter, de m'intéresser, de donner tant et tant d'informations à mon esprit, pour qu'il ne puisse jamais juger de quoi que ce soit avec une seule oreille. Merci.

...Euh...Quoi! Mais c'est quoi ça!?? rue du Faubourg Bonnefoy, mais c'est pas l'adresse que je cherche. Et zut ! Si je cherche une adresse, c'est que je ne la connais pas ! Je commençais à mordre une de mes joues en effaçant les caractères indésirables...

 

  • **** A Donald il fût donné de contempler un spectacle tel qu'un homme ne peut y survivre. Une grande muraille blanche s'abattit sur l'île, arbres, chiens, hommes, disparurent en même temps, comme si la main de Dieu avait voulu tout anéantir dans la nature.

Quelle grandeur, partout autour de moi l'immensité blanche; le ciel est d'un bleu pur et malgré un soleil magnifique la température est froide. Dans ces montagnes, vivent les derniers vrais aventuriers, héritiers des colons de LA ruée du Klondike. Toujours en quête d'une peau, d'un saumon dans la rivière Big Salmon, à la recherche de la veine qui donne la fièvre; tapis, aux aguets, sans cesse inquiets, auprès du feu chaque nuit, de se trouver face à quelques Peaux Rouges en chasse. 127, à ton pied, les yeux engourdis par le sommeil, j'ai vécu mille vies; tour à tour mucher, chercheur d'or, trappeur, j'ai traversé les forêts immenses, répondu à leur appel, j'ai marché au milieu des loups, goûté de leurs crocs.

Aujourd'hui, encore, j'aime ton odeur, un peu vieillotte, tes pages piquées par le temps, tes couvertures vertes. Merci Jack.

Le front sur la touche espace, je reviens à moi; complètement hors du temps, je me sens égaré. J'aperçois l'écran, ça me revient! Dans le cadre de recherche, j'inscris : librairie ancienne...

 

  • ***** Et, lui, relevant drap et chemise, contemplait en silence les tâches rouges sur le ventre et les cuisses, l'enflure des ganglions.

Mais, quoi encore? Incroyable, c'est la rue d'Arzew, Francine est sur le pas de porte. Le docteur Rieux visite ses malades, s'organise pour lutter. Albert doit être avec André, à l'école.

Fiction et réalité se mélangent dans mon esprit, je ne sais plus.

Mes balbutiements philosophiques, les premières grandes questions existentielles, mes toutes premières remises en question, sont arrivées par toi 87! A une époque où j'étais tout empli de certitudes qui n'étaient pas les miennes, je pensai encore avec des filtres parentaux. Il n'était plus question d'espace, d'immensité, de voyages, d'aventures, mais de mon rapport à la vie, aux autres, de ma conscience face à ma responsabilité d'être humain. Les voies s'ouvraient, les couloirs n'avaient plus de portes. Comme l'avait déclaré Kierkegaard, je devais trouver une vérité, qui en soit une pour moi, une idée pour laquelle je puisse vivre ou mourir.

A partir de ce moment, mon monde s'est considérablement élargi; de multiples questions frappaient à la porte de ma pensée. Depuis ces temps, il ne s'agit plus que de choix, librement exprimés, consciemment assumés, et qu'au fond toute « vérité entendue » n'est qu'un point de vue, qui peut se considérer comme la base d'une réflexion encore à mener.

D'un coup sec je retiens ma tête qui partait en avant, j'ai terriblement mal au cou. Au moins cette fois, rien n'est effacé ou inscrit contre ma volonté. Je crois que c'est rue Riquet, ça réduira la recherche, je vais taper ça...

 

  • ****** Qui es-tu au nom du diable? Lui cria le Duc Charles.

Je suis Sanglier-Rouge, officier d'armes de Guillaume de la Marck, par la grâce de Dieu et l'élection du chapitre, Prince-évêque de Liège, et du chef de son épouse, l'honorable Comtesse Hameline, Comte de Croye et Seigneur de Bracquemont.

Mais, mais... Qu'est-ce à nouveau? 106 tourne, s'affiche et me pousse dans la Bourgogne du XVième, aux côtés d'un jeune archer écossais, la guerre fait rage entre le Prudent et le Téméraire.

La trilogie, évidente, prévisible, mais que nous attendons tous, est en place : voyage, aventure et amour; le tout sur un fond historique plus ou moins avéré. La fièvre chevillée au corps, l'exaltation du vent et de la bruine sur le feu du visage, Quentin, amoureux éperdu de la belle Isabelle, se fera l'arbitre entre un roi et son plus puissant vassal. Je traverse un pan de l'histoire de France, les derniers soubresauts d'un système féodal finissant, les guerres fratricides, parricides, toutes ces luttes pour le pouvoir absolu. C'est tout l'univers du romantisme historique que je découvre; à l'aide de mon épée en plastique et protégé d'un écu imaginaire, dans la chambre de mes 10ans, je repousse l'infâme prince noir. Je porte une dernière flèche...

Quand je reprends le cours du moment conscient, je suis arc bouté, un stylo en main, planté dans l'un des coussins du canapé!

La démarche et l'oeil hagard, je retourne à ma chaise; sur l'écran, tout est en place, je vérifie : librairie ancienne, rue Riquet; je valide. Voilà, je tiens mon adresse, enfin!

 

 

Notes:

  • * extrait et/ou librement inspiré de « Tuer les morts » de Tanith Lee

  • ** extrait et/ou librement inspiré de « Essai sur les révolutions » de François René de Chateaubriand

  • *** extrait et/ou librement inspiré de « Pêcheurs d'hommes » de Maxence Van Der Meersch

  • **** extrait et/ou librement inspiré de « Le fils du loup » de Jack London

  • ***** extrait et/ou librement inspiré de « La peste » de Albert Camus

  • ****** extrait et/ou librement inspiré de « Quentin Durward » de Walter Scott

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